On applique généralement ce terme au bois. Le menuisier fabrique des meubles en bois européens tandis que l’ébéniste plaque de bois exotiques sur un bâti de bois européen.
L’ébénisterie est donc une spécialisation de la menuiserie, apparue au XVIe siècle. À cette époque-là, de nouvelles essences arrivent en Europe, au premier rang desquelles l’ébène, qui donnera son nom à un nouveau métier du bois, l’ébénisterie. Rare et donc chère, l’ébène est aussi très dure ; pour toutes ces raisons, elle ne peut être utilisée qu’en placage. Les premiers artisans à la travailler sont dits « menuisiers en ébène », puis « ébénistes ». Menuisiers et ébénistes ont toujours fait partie de la même corporation. Celle-ci s’est d’abord appelée la corporation des menuisiers puis, à partir du milieu du 18e siècle, elle est devenue la corporation des « menuisiers ébénistes », reconnaissant pleinement cette nouvelle profession.
Au 18e siècle à Paris, l’immense majorité des menuisiers sont parisiens depuis plusieurs générations. En revanche, environ un tiers des ébénistes sont étrangers ou d’ascendance étrangère. Ils viennent principalement des pays germaniques et des Flandres, berceaux de l’ébénisterie. Voici quelques patronymes illustrant ce constat : Tillard, Delanois, Foliot, Carpentier, Boulard travaillent comme menuisiers à Paris au cours du 18e siècle ; van Risen Burgh, Baumhauer, Weisweiler, Œben, Riesener comme ébénistes.
Les mariages entre familles de menuisiers étaient fréquents, tout comme ils l’étaient entre familles d’ébénistes. Curieusement, menuisiers et ébénistes ne se sont que rarement mélangés, bien que les deux métiers soient très proches. Plusieurs explications sont avancées. Tout d’abord, la question religieuse : les menuisiers étaient catholiques tandis que les ébénistes d’origine étrangère étaient souvent protestants.
Par ailleurs, menuisiers et ébénistes ne vivaient pas dans les mêmes quartiers de Paris. Les menuisiers étaient rassemblés dans le quartier Bonne-Nouvelle, entre la place des Victoires et la porte Saint-Denis ; la rue de Cléry concentrait à elle seule une soixantaine de menuisiers. Cela ne signifie pas, bien sûr, que la zone était interdite aux ébénistes, mais ils y étaient peu nombreux. Les ébénistes étaient, quant à eux, largement majoritaires au faubourg Saint-Antoine : la rue du Faubourg-Saint-Antoine en comptait environ 80 pour seulement une dizaine de menuisiers ; et on peut supposer que ces derniers se consacraient plus à la fabrication de bâtis de meubles destinés à être marquetés qu’à la création de sièges.
Malgré leurs différences, ils sont réunis au sein de la même corporation et mènent la même existence laborieuse, souvent – mais pas toujours – précaire.