Cofondateur du groupe Dada-Berlin, l’écrivain, photographe et plasticien contemporain a eu une influence dépassant les limites du dadaïsme et s’étendant dans plusieurs sphères de l’art contemporain.
Hausmann nait dans une famille d’artistes, et dès l’enfance, son père le pousse à pratiquer la peinture.
Il étudie dans des écoles d’art privées de Berlin et est marqué, en 1912, par une exposition expressionniste à la galerie Der Sturm d’Herwarth Walden, qui influence fortement ses premières œuvres plastiques.
Il devient par la suite rédacteur pour la revu de Walden, également nommée Der Sturm, où il fait ses débuts en écriture professionnelle : il développe tout de suite un style provocateur, réfutant les idées préconçues du monde de l’art tel qu’on le connaît à l’époque.
De fil en aiguille, il rencontre Hannah Höch (photographe et plasticienne), l’une des figures importantes du Dada-Berlin —avec qui il entretiendra une relation amoureuse tumultueuse jusqu’en 1922— et plusieurs autres acteurs de Dada.
Lorsque Richard Huelsenbeck, fondateur de Dada, revient à Berlin, c’est à Hausmann que revient la tâche d’écrire le Manifeste Dada, qui sera scandé lors de la première allocution publique dadaïste d’Allemagne, le 22 janvier 1918.
Ses nombreux manifestes et ses réflexions sur l’art, et la destruction en tant qu’acte de création, ont fait d’Hausmann l’un des plus importants penseurs de Dada. Cela lui a même valu le surnom de Dadasophe.
Ses nombreux manifestes et ses réflexions sur l’art, et la destruction en tant qu’acte de création, ont fait d’Hausmann l’un des plus importants penseurs de Dada
Dès 1918, Hausmann expérimente avec les mots, créant des poèmes déjantés que l’on nomme optophonétiques : pour l’artiste, le poids du langage est non seulement acoustique, mais également visuel, et il met donc de l’avant la typographie.
Contrairement à son collègue Hugo Ball, Hausmann ne cherche pas à créer un langage nouveau, complètement différent de ceux qui existent : il s’emploie plutôt à redistribuer les lettres et les mots de manière à donner une perspective altérée de la langue que nous connaissons tous.
Au fil des années, Hausmann s’est employé, de toutes les manières possibles, à brouiller les limites existant entre art visuel, littérature, musique et danse.
Avec Hannah Höch, Hausmann fait plusieurs expériences de montage photographique.
Selon lui, le photomontage est l’équivalent pictural des poèmes optophonétiques, les deux techniques trouvant leur force dans la juxtaposition d’éléments contraires, la mise en dialogue de force opposées.
Bien que les travaux d’Hausmann soient considérés comme les plus artistiques de l’époque Dada, l’artiste insiste sur la nomenclature : ce sont des montages, et non des œuvres d’art.
Par ce terme, Hausmann entend rejeter le rôle d’artiste, se considérant plutôt comme un ingénieur travaillant, dans un monde où il n’y a vraiment plus de place pour l’art, à lui recréer un socle et des techniques solides d’où redécoller.