Les frères de Limbourg travaillent dans le style gothique international, et créent l’une des plus célèbres enluminures du Moyen Âge tardif : les Très Riches Heures du Duc de Berry.
Le grand-père des frères, Johannes de Lymborgh, est venu de Limbourg pour s’installer sur la Vesdre à Nimègue, alors la capitale du duché de Gueldre. Le Fils de Johannes, Arnold, est un sculpteur sur bois qui travaille pour la cour ducale.
Autour de 1385, Arnold épouse Mechteld Maelwael ou Maloeul, fille d’une famille de peintres héraldiques. Herman (Hermant dans les sources françaises) est l’aîné de leurs enfants (né vers 1385), suivi de Paul (Polleke ou Polequin dans les sources françaises de 1386-87) et Johan (Johanneke ou Jacquemin, Gillequin, Jehanequin dans les sources françaises, 1388). Trois autres enfants, Rutger, Arnold et Greta, suivent.
Autour de 1398, après la mort de leur père, les frères sont envoyés chez leur oncle Jean Malouel (ou Johan Maelwael, Jehan Maleuel dans les sources françaises), le peintre le plus important des tribunaux français et bourguignons de l’époque. Herman et Johan apprennent sous cette tutelle le métier de l’orfèvrerie, à Paris.
Vers la fin de 1399, ils rendent visite à Nimègues, mais, en raison d’une guerre, sont capturés à Bruxelles. Comme leur mère ne peut pas payer la rançon de 55 écus d’or, la guilde des orfèvres locale commence à leur recueillir de l’argent.
Finalement, le roi Philippe le Hardi paie la rançon pour le bien de leur oncle Malouel, son peintre. Les deux garçons sont libérés en mai 1400.
D’après les documents survivants, en février 1402, Paul et Johan sont contractés par Philippe le Hardi pour travailler pendant 4 ans exclusivement sur l’enluminure d’une bible.
Cela peut ou peut ne pas avoir été la Bible Moralisée (Ms.fr.166, BnF à Paris) qui est incontestablement une œuvre de jeunesse des frères Limbourg. Philippe II meurt en 1404, avant que les frères ne puissent terminer leur travail.
Après la mort de Philippe, Herman, Paul, et Johan, tard en 1404, commencent à travailler pour son frère, le Duc de Berry, collectionneur extravagant d’art et surtout de livres.
Leur première mission est d’enluminer un livre d’heures, maintenant connu sous le nom des Belles Heures du duc de Berry. Aujourd’hui, cette pièce d’Histoire de l’art est tenue dans le cloître du Metropolitan Museum of Art à New York.
Les Belles Heures est terminé en 1409, à la grande satisfaction du Duc de Berry, qui assigne aux frères un projet encore plus ambitieux : les Très Riches Heures du duc de Berry. Ce livre d’heures est considéré comme le sommet de l’enluminure médiévale tardive, et peut-être le livre le plus précieux du monde. Il est gardé au musée Condé à Chantilly, en France.
Paul est particulièrement en bons termes avec le Duc et reçoit une position au tribunal en tant que valet de chambre ou de préposé aux soins personnels (son oncle avait eu la même position avec le duc de Bourgogne). Le duc lui offre des bijoux et une grande maison à Bourges. Paul est attiré par une jeune fille, Gillette la Mercière, mais les parents de la jeune fille désapprouvent de l’union. Le Duc confine donc Gillette, et ne la libère que sur ordre du roi.
Dans la première moitié de 1416, le Duc de Berry et les trois frères Limbourg, tous âgés de moins de 30 ans, sont reportés comme décédés, possiblement de la peste, laissant le Très Riches Heures inachevé.
Un artiste non identifié (peut-être Barthélemy Van Eyck) travaillera sur les miniatures du calendrier célèbre dans les années 1440 quand le livre est apparemment en possession de René d’Anjou. En 1485, Jean Colombe terminera une fois pour toutes les Très Riches Heures, pour la Maison de Savoie.
Le travail des frères de Limbourg, pour la plupart inaccessible, sombre dans l’oubli jusqu’au 19e siècle. Néanmoins, ils ont servi d’exemple pour les générations de peintres les suivant, qui s’étend bien au-delà de la peinture miniature.
Ils ont travaillé dans une tradition d’Europe du Nord, mais affichent aussi des influences de modèles italiens.